Idem au Divan du Monde le 22 novembre 2011: noir éblouissant

« Qu’est-ce que tu vas encore aller écouter ce soir? »… Pas le temps de discuter avec ma voix éraillée, « Good bye everybody » et je pars en courant avec mes Docs noires à fleurs roses sur les trottoirs glacés. Je reçois la suite des discussions par textos: « Profite à fond de ce moment… » « Beau concert Petite Nelson »… Pas question d’être en retard. Pas question de rater le début. Ne serait-ce qu’une seconde. Je me réfugie sous le manteau chaud de Paname. Ligne 12, mon Dieu qu’elle est lente, ça n’avance pas, il est déjà 19h. Juste envie de monter devant pour prendre les commandes, le volant: ‘Mesdames et Messieurs, ce métro est sans arrêt de Montparnasse à Pigalle », et les voir tous descendre en hurlant et en se bousculant. Je trépigne d’impatience. Je reçois un texto de Barb’ooz : « Je suis arrivé, je t’attends devant La Fourmi ». Je remonte à la surface quartier Pigalle où j’ai fréquenté quelques salles de concert depuis deux mois. Après La Boule Noire et La Cigale un peu plus loin, me voici mardi 22 novembre au Divan du Monde venue voir Idem et Picore.

Dans la file d’attente, je raconte à Barb’ooz entre deux quintes de toux, ma rencontre avec Baz, le batteur d’Idem avec qui j’ai enfin pu discuter de vive voix, quand j’avais encore une voix, jeudi dernier après le concert de La Ruda au Bataclan. On s’engouffre à l’intérieur du Divan et je commande une Despé pour calmer le mal de gorge. Accoudée au bar, je regarde la scène déjà prête pour le premier groupe qui va passer ce soir.

La salle est plongée dans l’obscurité des eaux sombres. Trois musiciens s’installent: le guitariste, le bassiste et le batteur. Les premières notes humides de « You missed it », extrait du dernier album Good side of the Rain sorti le 7 novembre dernier, ruissellent dans l’atmosphère brumeuse qui m’enveloppe ce soir et annonce déjà les couleurs entières qui caractérisent le son magnétique d’Idem:  la douceur et la moiteur sur la peau, le calme et la fureur dans le sang.

La scène s’éclaire: plus de trois ans après le choc émotionnel de ma rencontre avec la musique d’Idem au KSET à Zagreb, me voici à nouveau face à eux en live. Toutes les vannes émotionnelles s’ouvrent alors en moi. Je repense à tout ce qui s’est passé depuis, les bouleversements, le chaos intérieur, la perte de tous les repères, les espoirs et les désillusions, mon coeur meurtri enfermé dans une boîte en métal, le retour du noir après la couleur, la nécessité absolue de ressentir même si ça fait mal, le pouvoir fascinant des sons sur mes émotions.

Pitch la chanteuse, qui fait entièrement partie du groupe à présent, entre en scène tout de noir vêtue, pour le deuxième morceau, « Market Return » (Good side of the rain) dont le refrain me fait le même effet qu’à l’écoute de l’album mais puissance cent pour sang dans mon coeur qui est déjà en état de vibration névralgique. Sa voix si troublante, profonde et animale se greffe sur les cimes vertigineuses d’accords nerveux et s’engouffre dans des basses souterraines où l’on a envie de se perdre. « Good side of the rain » est joué dans la pénombre avec des effets visuels somptueux évoquant l’artwork de la pochette de l’album: d’étranges volutes grises, noires et lumineuses s’entremêlant à des coulées de pluie rouge se déversent sur l’arrière-plan de la scène.

Je suis subitement atteinte d’une brûlante fièvre balkanique lorsqu’ils se mettent à jouer « ECOW », « Up to good » et « Show your right on » et ses clignements d’yeux flippants, trois extraits du précédent album The sixth aspiration museum overview, avec, sur le survolté « Up to good », les mêmes images d’un batteur en ombre chinoise qui passaient alors sur la boule blanche au KSET la dernière fois que je les ai vus. Un très beau clin d’oeil à la tournée précédente d’Idem.

Je regarde Barb’ooz visiblement aussi emballé que moi par l’émergence de ses souvenirs du live à Zagreb.  La pression s’élève de plus en plus. J’ai l’impression bizarre et agréable qu’Idem transforme le Divan du Monde en caisson hyperbare dont je ne veux pas sortir.

Depuis Zagreb, la présence scénique de Pitch a évolué. On sent qu’elle fait corps avec le groupe dorénavant. Elle vit et ressent complètement chaque titre qu’elle chante à fleur de peau. Notamment lors de la prestation de « Wings of Joy » qui agit comme une violente injection d’épinephrine qui transperce ma poitrine à m’en couper le souffle avec sa fébrile montée en puissance frénétique, cette boucle démoniaque qui monte crescendo des pieds à la tête, qui décolle mes Doc Martens du sol et fait vibrer les deux hémisphères enfermées dans ma petite boîte crânienne.


Le concert s’achève sur un « Locked in Syndrom » enchaîné et psychotique à souhait qui camisole un public conquis sous effets secondaires extrêmes. Je voudrais que cette folie extatique qu’Idem nous transfuse dans les veines depuis une heure dure encore mais les Angevins doivent laisser place au groupe suivant, Picore. C’est trop court, j’en veux encore. Pitch nous remercie et nous salue: « Le coeur y est ».

Après leur concert, en attendant que Picore entre en scène, je croise Baz et je lui présente Barb’ooz drôlement ému. Baz nous fait rencontrer Pitch venue sur le stand de merchandising d’Idem. Elle me remercie pour ma chronique de leur album (« Idem-Good side of the rain: sous la thermocline »)… L’émotion me gagne à plusieurs instants… Il se pourrait qu’Idem revienne jouer à Paname en début d’année prochaine… En attendant Good side of the rain continuera de tourner sur ma chaîne… Et de couler dans mes veines. (la suite du billet bientôt pour le concert de Picore…)

Posté par Miss Nelson le 28/11/2011
(Vidéos Miss Nelson 2011 tous droits réservés) 

Voir les vidéos du concert (Miss Nelson 2011 tous droits réservés) : http://gallery.me.com/miss.nelson#100435
Lire la chronique de l’album « Good side of the rain »
Le site officiel d’Idem: http://www.idem-kzfp.com 

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